Velours
J'aime ces velours de pourpre enivrés
Que la maison Grandjean, ce matin, m'a livrés
Je les savais fort beaux mais pas aussi magnifiques
D’un rouge éclatant, intense, joyeux, romantiques.
Ils ont belles allures sans même une poussière,
Ou un fil dépassant des coutures aux arrières,
J'aurais pu douter de la façon, du travail,
Mon voisin prenant Grandjean pour canaille.
Tout cela pour dire, quelques sont ce que j'attendais
Après leur long voyage dans Marais
Vous aurez peine à y croire, mais il fallut plusieurs mains,
Celles qui dans l’orient chargent les satins
Celui qui mène sur les mers capricieuses, le navire,
Avec la peur intestine que sous la tempête il chavire,
Celui qui remonte sous les pluies automnales
Les tissus de fils rases, les soieries jusqu'à la capitale
Celui qui les dépose dans l'atelier de confection,
Et celui, enfin, expert en aiguilles en fait ce qu’ils sont.
A présent qu'il sont là je n'ai plus qu'à attendre,
Que demain vienne mon tailleur pour les prendre
Les mener chez lui, les inspecter sous sa loupiote
Et en sortir la plus jolie, la plus unique des redingotes.
A K tdr